lundi 1 avril 2013

Poisson d'avril ou pas ? A vous de deviner

Pour le premier avril, poisson ou pas, nous vous avons réservé un petit jeu : nous avons tous ensemble rédigé 11 paragraphes à propos de faits extraordinaires concernant la biologie des organismes... Mais bien sûr certains sont faux quand d'autres sont vrais ! Saurez-vous faire la part du faux et du vrai ? Et nous expliquer pourquoi ?

Attention, pas de triche ! Je vous surveille (Source)

1) Des animaux qui ne respirent pas

Les loricifères sont de très étranges animaux microscopiques et marins vivant entre les grains de sables, découverts récemment dans les années 1970. Pendant longtemps aucun spécimen vivant n’avait jamais été observé, leur étude n’avait été faite que sur des animaux morts. Leur morphologie et leur cycle de vie complexe n’ont cessé d’impressionner les scientifiques pour de si petits animaux, mais ils avaient encore une surprise de taille : ce sont les premiers animaux découverts à être capable d’effectuer leur cycle de vie complet sans oxygène ! D’autres sont connus pour résister à son absence mais sans être capable de se reproduire sans. Mieux encore, ils auraient perdu leurs mitochondries, des organes cellulaires indispensables aux autres animaux et permettant la respiration ! Et coup de grâce, ce n’est pas moins de trois espèces dans ce cas qui ont découvertes en méditerranée !

Illustration d’un loricifère… Bonne tête pour un animal de moins d’un demi millimètre !  (Source)


2) Un nouvel espoir contre le VIH

L’Euphorbe Euphorbia stenoclada (présente dans le sud-sud-ouest de Madagascar) est utilisée traditionnellement contre l’asthme et les affections respiratoires. Des études récentes ont mis en évidence que les molécules produites par cette plante avaient la capacité de stopper l’infection des cellules par des pathogènes tels que les virus par exemple. En particulier, des cellules de fibroblaste humain, prétraitées à l’aide d’un extrait de cette plante, montraient des résistances inhabituelles au VIH. D’autres expériences sur les lymphocytes T4, cible directe du VIH, se sont montrées prometteuses ; et même des tissus infectés artificiellement en laboratoire puis traités par la Quercetine (cf fig. ci-dessous) ont montré une nette diminution de la virulence du VIH. Reste maintenant à savoir si cette molécule va se comporter pareillement au sein d’un organisme entier !


La molécule Quercetine, responsable de l'action anti-proliférante. D'après Chaabi et al. 2007, Journal of Ethnopharmacology)


3) Le son comme arme offensive

Les actinoptérygiens (à nageoire rayonnée, ils représentent la majeure partie de l'ancien groupe des "poissons") ont développé au cours de l'évolution un arsenal très divers d'armes offensives et défensives, qui vont d'épines empoisonnées à la production de chocs électriques. Une découverte récente chez une espèce de blennie du Pacifique ajoute la production de son à cet arsenal. Cette espèce a une mâchoire très mobile (visible sur la photo ci-dessous), reliée par un ensemble de petits os très fins (appelé appareil de Weber) à la vessie natatoire (organe rempli de gaz servant à la flottaison). L'ouverture en grand de la mâchoire fait jouer cet ensemble de petits os entre eux, produisant un son sec qui va ensuite être amplifié (à la manière d'une caisse de résonnance) par la vessie natatoire. La forme en parabole des mâchoires ouvertes permettra de concentrer le son produit, le rendant très puissant. Un son sec et puissant produira des vibrations dans l'eau qui peuvent causer des lésions importantes chez d'autres actinoptérygiens. Les chercheurs qui ont étudié ce mécanisme en ont déduit qu'il avait un double rôle d'attaque (immobilisation des proies) et de défense contre les prédateurs plus gros.


4) Une île aseptisée ?

Jusqu’il y a quelques mois, l’ensemble de la communauté des chercheurs en écologie s’accordait à dire que pour qu’un écosystème se maintienne, les micro-organismes (c’est-à-dire les bactéries, les archées et la plus grande partie des eucaryotes dont les champignons et les protozoaires) étaient indispensables, car ils effectuent des tâches indispensables au bon fonctionnement et à la stabilité dans tous les types d’écosystèmes. C’est sans compter la découverte effectuée début 2012 sur l’île de la Solitude (ou île Ouedineniïa) en mer de Kara au nord de la Russie! Des chercheurs de l’institut Vavilov (centre de recherche agronomique de Saint Pétersbourg) ont statué sur l’absence totale de microorganisme sur cette île. Bien que la région connaisse un climat plutôt rude, il n’y a en apparence aucune raison pour que cette île ait été débarrassée de toutes ces espèces microscopiques alors que les autres écosystèmes du Nord de la Russie comptent des millions d’espèces en tout genre. Les chercheurs ont en revanche pu observer des spécimens de végétaux et d’animaux qu’on pourrait classer comme macro-organismes. La seule présence de ces macro-organismes laisse penser que tout le petit monde microbien a été contre-sélectionné. La question en suspens est que s’est-il passé de particulier sur cette île pour que même les archées, organismes souvent extrêmophiles (capable de vivre dans des conditions très difficiles), aient disparues...



Situation géographique de l'île de la Solitude (source: Wikipédia)

5) Le "serpent de mer" existerait bel et bien

Des animaux marins gigantesques ressemblant à des serpents se retrouvent régulièrement dans les légendes de marins, à toutes les époques et partout dans le monde. Se pourrait-il que ces légendes soient inspirées d'observations réelles ? C'est ce que pensent les zoologistes Helmut Oelschläger et Tyson Roberts. Ils ont analysé des dizaines d'observations de "serpents de mer" au cours des 200 dernières années, certaines étant documentées par des photographies (voir ci-dessous), et en ont conclu qu'elles correspondaient à un organisme réel. Néanmoins la biologie et l'anatomie de cette espèce mystérieuse pouvant atteindre plus de 10 mètres restent à définir plus précisément.

Cette photo représente des soldats de la marine américaine avec un animal qui fut pris pour le légendaire Naga du delta du Mékong. Source

6) Une plante se nourrissant d’excréments de fourmis

Si les symbioses entre plantes et insectes sont chose courante, certaines sont plutôt atypiques. Prenez la plante Nepenthes bicalcarata, terrible carnivore à l’apparence de serpent, avec ses deux crochets au dessus de son piège mortel. Malgré sa dangerosité, des fourmis y ont élu domicile et lui apportent de surcroît des bénéfices. En effet, elles lui assurent une protection contre les herbivores, notamment pour les jeunes pousses. Mais mieux encore : des chercheurs français ont mis en évidence l’année dernière que les fourmis jouent aussi le rôle d’assistant alimentaire, en s’occupant de digérer les proies de la plante… et en lui fournissant ensuite leurs déjections. Un complément alimentaire riche en azote qui assure à la plante une bonne croissance.

Le piège de la plante carnivore Nepenthes bicalcarata (Source)


7) Evolution chimique du génome bactérien !

Pour un peu qu’on ait fait de la biologie au lycée, on sait que le code génétique est universel, c’est-à-dire que l’ensemble des êtres vivants possède un ADN composé de 4 éléments constitutifs appelés des nucléobases (l’adénine, la thymine, la guanine, et la cytosine). Il y a peu, une équipe internationale de chercheurs a réussi à créer et à sélectionner une nouvelle souche d’Escherichia coli (la fameuse bactérie modèle en science du vivant) dont le génome n’est pas constitué de ces 4 nucléobases mais où la thymine est remplacée par du chlorouracil. Cette modification au niveau de l’ADN est initialement due à une mutation apparue naturellement. Les chercheurs ont ensuite sélectionné les bactéries mutées en ne mettant à disposition dans le milieu que de l’adénine, de la guanine, de la cytosine et du chlorouracil pendant 164 jours afin d’obtenir une souche stable. Cette souche E. coli mutée est donc une exception à l’universalité du code génétique !


E.coli en 3D (source)

8) Le retour du pied préhensile chez l’humain ?

Les scientifiques ont récemment été confrontés à un cas d’atavisme plutôt atypique au Mexique : la naissance de deux frères partageant comme particularité d’avoir les gros orteils opposés aux autres doigts de pieds. Caractère partagé par tous les primates, les pouces opposables des pieds ont été perdus au cours de l’évolution chez les humains. Le phénomène de l’atavisme correspond à la réactivation d’un gène toujours présent dans notre ADN mais rendu muet par l’évolution. Des cas sont plus connus de réapparition de queue chez l’humain, ou encore de pattes chez des serpents. Les chercheurs sont parvenus à repérer le gène muté chez les deux frères, et seraient en mesure de reproduire la particularité artificiellement, ce qui pose cependant des problèmes d’éthiques. Ils ne sont actuellement pas en mesure de prédire si la descendance des deux frères partagera cette particularité.

Pied de chimpanzé et pied d'humain (Source)

9) De petits animaux jouant avec la mort 

Les tardigrades sont parfois connus des étudiants en biologie parcequ’ils sont adorables mais aussi pour leurs incroyables propriétés de résistance. Ces petits animaux de moins d’un millimètre de long se trouvent partout sur le globe. Vous pouvez en trouver dans les mousses. Ce qu’il y a d’incroyable c’est qu’ils peuvent rentrer en état dit de cryptobiose : lorsque les conditions de vies ne sont plus favorables ils « s’arrêtent de vivre » et reprennent leur vie active une fois les conditions nécessaires revenues. On sait qu’ils peuvent rester plusieurs décennies en cryptobiose. Mais des chercheurs ont retrouvé en décembre 2012 des tardigrades en cryptobiose depuis près de 1000 ans dans les lacs subglaciaux Antarctiques ! Bien sûr une très faible proportion est revenue à la vie, mais cela fait de ces rares petits survivants les individus animaux (et non pas colonies !) les plus vieux répertoriés ! 

A gauche, un tardigrade en état actif, à droite un tardigrade en cryptobiose. (Source :  Welnicz et al. 2011)

10) Somewhere... Over the rainbow ?

L’Eucalyptus Arc-En-Ciel Eucaylptus deglupta pousse aux Philippines. Cet arbre possède naturellement une écorce très colorée, suite l’exposition des tissus vieillissant au contact de l’air. En effet, l’écorce de cette plante se desquame progressivement, c'est-à-dire qu’elle s’effiloche vers l’extérieur au fur et à mesure de sa production. Les couches les plus jeunes se situent en dessous et sont vertes lors de leur formation. Elles sont remplacées progressivement par d’autres couches et vont changer de couleur au fil du temps, jusqu’à tomber au pied de l’arbre lorsqu’elles seront totalement desséchées. Comme l’écorce n’est pas produite de manière continue et intégrale aux différents endroits du tronc, elle ne vieilli pas de la même manière partout, d’où la présence de couleurs différentes.


Vue rapprochée de l'écorce de E. deglupta

11) Bombardements lumineux !

La bioluminescence n'aura pas fini de nous épater. Après les lucioles, les champignons, les requins, les dinoflagellés ou encore les ophiures, les vers sont également un groupe dans lequel on retrouve l'utilisation de la bioluminescence. Selon les espèces, la bioluminescence n'a pas la même fonction. Elle peut être utilisée comme moyen de répulsion contre des prédateurs, un moyen d'attraction pour attirer les proies, mais peut également servir à communiquer ou à se camoufler.
Swima bombiviridis est un annélide, un ver marin qui a été découvert très récemment (en 2009) à 1800 mètres de profondeur ! Sa particularité à lui c'est de faire peur à ses prédateurs, de les distraire en larguant des "bombes" bioluminescentes (d'où son nom) !
Alors, inspiré? Vous trouverez les réponses ici !

16 commentaires:

  1. 1:V 2:V 3:F 4:F 5:V 6:V 7:F 8:F 9:V 10:V/F trop flashy les couleurs, mais ok pour l'histoire de l'écorce

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  2. 1) vrai
    2) je dirais vrai, connaissant les botanistes ^^
    3) Faux, même si ce poiss... ce truc a une tronche géniale
    4) faux
    5) Donald, on t'a reconnu :p
    6) vrai ?
    7) je dirais faux, mais si c'est vrai ça ne me surprendrait pas
    8) faux, on n'en est pas encore aux X-Men...
    9) vrai ! gloire aux tardigrades !
    10) l'arbre existe, mais sur la photo c'est clairement de la peinture...

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  3. 1 vrai
    2 FAUX
    3 FAUX enfin produire des bruit à l'aide de leur vessie natatoire ok mais une attaque O.O
    4 FAUX
    5 vrai
    6 FAUX
    7 alors la c un peu dur à avaler FAUX
    8 Tres Faux
    9 VRAI
    10 je pense vrai (le gommier rouge donne bien une écorce rouge qui se desquame)
    11 VRAI

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  4. Alors j'ai lu toutes ces tentatives de tromperie maquillées par des plumes habiles:

    Pour la 1) ça sent le pipot à plein nez, et puis quoi encore le 1er métabolismes sans oxygène? Mais enfin ya tout plein de trophies bisares (bien souvent dans les étapes clé du bouclages des cycles biogeoch, en particulier l'azote)! Et puis certes, c'est à plein poumons que nous nous reproduisons, j'en suis intimement convaincu, alors oui j'y aurais presque cru!

    Pour la 2), j'aurais dit Faux également, mais je crois que je sous estime certains aspects de l'ethnobota moderne et les pouvoirs magiques des euphorbes vénéneuses.

    Pour la 3) je n'imagine pas l'énergie qu'il faudrait pour mettre en mouvement ce fluide qu'est l'eau, alors de là à assommer un ennemie à grand coups de rots intempestifs, c'est surement pas un poisson qui pourrait inventer ça. D'ailleurs ils n'existent pas.

    Pour la 4) un écosystème dépourvu de micro-organismes? Et puis quoi encore? Si la clé de la vie se résume dans quelques groupes taxonomiques, ce n'est surtout pas dans les oiseaux ou les dauphins, mais bien chez les bactoches! Ho, et puis je ne répéterais pas cette histoire que j'aime trop bien de l'allégorie de l'ivrogne..

    Pour la 5) Qu'est-ce qui serait vrai? qu'est ce qui serait faux? #yépacomprilakestion

    Pour la 6) Haaa enfin quelque chose qui m'inspire confiance! ^^ Pourquoi pas ne pas faire faire le boulot de la digestion et de l'accessibilité des nutriments par une tierce espèce? On économise quelques enzymes et en plus l'assimilation est plus efficace, what a strategy! En plus on souligne l'importance de la détritivorie, c'est excellent! Voilà bien une preuve d'humilité que de se satisfaire des déchets des autres.

    Pour la 7) Je crois que je suis vraiment tombé dans le panneau! Avec toutes les contraintes évolutives que cela suppose au niveau des polymérases etc... je me suis directement embarqué sur le faux catégorique... mais après tout, cette chlorouracil est pas directement impliquée dans le site actif... En tout cas je suis vraiment stupéfait, effet de réussite total, 1 point pour le rédacteur, ou un bisou pour la rédactrice!

    Pour la 8) Hummmm quelque chose me dit que ce caractère relève plutot de la genet quantitative et pas d'un seul gène tel que nommé dans l'article... faux?

    Pour la 9) Un cas d'école, vrai! (edit: comme me l'a fait remarqué Fofie, j'aurais dû lire l'article jusqu'à la fin, honte à moi!)

    pour la 10) Les couleurs flashy m'ont trompées, ça sentait la supercherie, peut être que j'aurais dit vrai avec une photo pas bidouillée sur la saturation, soyez fair-play!

    Super petit quizz en tout cas, on en redemande! Pour encore refaire des erreurs, sinon ça n'a pas d'intérêt! ;)

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  5. 1 Vrai, ou alors quelque chose de très approchant a récemment été découvert,
    2 Faux,
    3 Vrai,
    4 Faux, mais si c'est vrai cela m'intrigue beaucoup,
    5 Vrai,
    6 Vrai,
    7 Faux,
    8 Vrai mais faux pour le côté les scientifiques peuvent reproduire la particularité artificiellement,
    9 Vrai, tardigrades will rule the world soon!,
    10 Faux,
    11 Vrai, pourquoi pas : une sorte d'expulsion de bout de corps.

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  6. 1 Faux
    2 Vrai
    3 Faux
    4 Faux
    5 Vrai
    6 Faux
    7 Faux
    8 Faux
    9 Faux
    10 Vrai
    11 Vrai
    Mais c'est pas évident de savoir pour la plupart

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  7. 1 Faux
    2 Vrai
    3 Vrai
    4 Faux
    5 Faux
    6 Vrai
    7 Faux
    8 faux
    9 Vrai
    10 Faux
    11 Vrai

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  8. 1)Faux
    2)Vrai
    3)Faux
    4)Faux
    5)Faux
    6)Vrai
    7)Faux
    8)Faux
    9)Vrai
    10)Faux
    11)Vrai

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  9. et au fait, quand ou comment peut-on avoir les réponses?

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  10. Bientôt, bientôt ! On vous prépare les réponses :)

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  11. 1. Faux
    2. Vrai
    3. Faux
    4. Faux
    5. Vrai
    6. Vrai
    7. Faux
    8. Faux
    9. Vrai
    10. Faux
    11. Vrai

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  12. Sans concertation avec Francois ;)
    1.F
    2.V
    3.F
    4.F
    5.V
    6.V
    7.F
    8.F
    9.V
    10.F
    11.V

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  13. 1/ faux
    2/ faux
    3/ faux
    4/ true
    5/ true
    6/ true
    7/ faux
    8/ faux
    9/ true
    10/ faux
    11/ true

    W

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  14. Le serpent de mer de la photo est bien connu à présent, c'est un poisson d'une dizaine de mètres appelé Régalec (ou "roi des harengs").

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