mardi 12 juillet 2011

To be or not to be (alive), that is the (good) question !

Cet article introductif va surtout être centré sur des généralités applicables aux plantes. Je parlerai par la suite des particularités présentes dans le règne végétal, mais avant toute chose, et pour pouvoir communiquer plus facilement, je vais vous décrire ce qu’est une plante.
Tout d’abord, une plante est un être vivant. Mais oui, parfaitement ! Au même titre que vous, moi, un Chat, un Cloporte, une Limande, Escherichia coli… En effet, si on définit le vivant comme quelque chose capable de se reproduire (c'est-à-dire d’engendrer des descendants, ses enfants, grâce aux mécanismes de reproduction sexuée OU asexuée*), de croître (c'est-à-dire de se développer au cours de son existence), de se nourrir… ou en tout cas, d’exploiter une source d’énergie de manière à réaliser les deux précédents points. Et, à une échelle de temps plus importante, d’évoluer (ce dernier point ne sera pas présenté ici).

Si les deux premiers points de cette définition sont faciles à appliquer aux plantes, le troisième n’est pas forcément évident. J’y reviendrais tout à l’heure.
Tout le monde a déjà fait germé des haricots, des lentilles, du maïs dans du coton à l’école. Quand bien même ce n’est pas le cas, tout le monde a déjà observé qu’un oignon de cuisine, non utilisé pendant un moment, se met à produire des feuilles vertes. De cela nous sommes donc sûrs : les plantes croissent. Un point du contrat « être vivant » est rempli, reste à expliquer les deux autres.

Les plantes se reproduisent ! Pour illustrer ce fait, je vais m’intéresser à une plante bien connue de tous : les rosiers. Ou plus exactement, les rosiers sauvages : Rosa canina L., appelés aussi Eglantiers. (cf. photo ci dessous)

A l’extérieur de la fleur, en rose, nous observons les pétales. Sous les pétales, nous ne les voyons pas, mais les sépales sont présents. Ce que nous voyons en revanche au centre de la fleur, c’est une couronne de petites boules orangées présentes au bout de petites tiges : ce sont les étamines, parties mâles de la fleur. Les étamines sont composées des petites boules (qui s’appellent les anthères) et des petites tiges (qui s’appellent les filets). Pour mieux se rendre compte de la disposition, voici un schéma, tiré du livre Le génie des Végétaux, de M. Bournérias et C. Bock :

Au centre de la fleur, en jaune sur la photo, se trouve le ou les carpelle(s), aussi appelé ovaire ; rien à voir avec l’ovaire des animaux au niveau organisation, mais le nom est identique. C’est la partie femelle de la plante. A l’intérieur, bien protégé, on trouve le ou les ovule(s). Là encore, même mot pour désigner autre chose chez les animaux. Cet ovule renferme le gamète femelle, appelé oosphère. Les gamètes sont les cellules reproductrices. En général, chez les animaux, les gamètes mâles sont les spermatozoïdes tandis que les gamètes femelles sont les ovules, et pour être exact, les ovocytes.
Avec toutes ces structures, comment s’effectue la reproduction chez l’Eglantier ? Car à l’inverse du Chat dont nous parlions plus haut, l’Eglantier ne peut pas aller à la rencontre d’un autre partenaire sexuel !
Ce qui se passe est très astucieux. Je vous ai parlé des étamines, la partie mâle de la plante. Ces structures sont en réalité des sacs remplis de grains de pollen… ce même pollen qui provoque des allergies au printemps ! Chaque petit grain de pollen est d’une taille de l’ordre du micromètre (1000 fois plus petit qu’un millimètre !) ; il est donc aisément dispersé dans l’air par le moindre souffle de vent… ou par un insecte de passage. Avec de la chance, ce grain de pollen va se déposer sur la partie femelle de la plante, appelée stigmate (cf. schéma précédent), qui est en réalité un prolongement du carpelle. Si les conditions adéquates sont réunies, le grain de pollen va libérer un gamète mâle qui va être acheminé jusqu’à l’ovule contenu dans l’ovaire. Dans l’ovule, le gamète mâle rencontre l’oosphère et la fécondation proprement dite s’effectue**. Le résultat de la fécondation donne une cellule unique, appelée embryon : il est contenu dans l’ovule qui se transformera ensuite en graine… qui est située dans l’ovaire, transformé lui-même en fruit (appelé Cynorrhodon chez Rosa canina)
En fait, la fleur de l’Eglantier n’est qu’une succession de différentes petites boites, imbriquées les unes dans les autres, pour protéger la graine qui redonnera plus tard un individu adulte entier !

Maintenant, sujet épineux : un être vivant se nourrit. Bien. Ce n’est pas compliqué d’imaginer qu’un Chien est un être vivant : il peut aisément réaliser les trois fonctions citées précédemment. Le chien peut bouger pour aller chercher de la nourriture, ou bien un partenaire sexuel pour effectuer la reproduction. Il grandit au cours du temps. Mais qu’en est-il des plantes, au niveau de la nourriture ?
A la différence du Chien, la plante ne peut pas se déplacer pour aller chercher sa nourriture.  Elle utilise pour cela ses feuilles. Les feuilles sont vertes : cette couleur est causée par la présence d’un pigment appelé chlorophylle. Ce pigment a ceci de particulier qu’il est capable d’interagir avec la lumière. Avez-vous remarqué que si vous oubliez une plante dans un coin sombre, elle va dépérir jusqu’à mourir ? Ou bien elle va essayer d’aller vers la lumière…

Grâce à sa chlorophylle, la plante va utiliser la lumière du soleil comme source d’énergie. Mais pas seulement : elle utilise aussi l’air ambiant, en particulier le dioxyde de carbone, ou CO2. Elle va prélever ce gaz dans l’air (le dioxyde de carbone rentre dans les feuilles par de tous petits trous appelés stomates), et celui-ci va être combiné à l’énergie tirée de la lumière du soleil, par tout un tas de mécanismes qui ne seront pas détaillés ici. De cette combinaison résultent… des sucres (appelés aussi glucides) ! Et oui, la plante fabrique des sucres dans ses feuilles. Cette réaction chimique est appelée la photosynthèse. Et c’est grâce à ces sucres qu’elle se nourrit ! Elle n’a donc pas l’utilité de bouger pour aller chercher sa nourriture puisqu’elle la fabrique elle-même.
Nous pouvons donc dire que la plante est bien un être vivant au sens conventionnel, tel que défini au début. De plus, les plantes sont capables, contrairement à nous, de vivre d’air pur et d’eau fraiche !

* reproduction sexuée : méthode de reproduction faisant intervenir deux partenaires sexuels mâle et femelle. Ex : les humains ont une reproduction sexuée / reproduction asexuée : méthode de reproduction faisant intervenir un seul individu. Ex : les boutures obtenues à partir de certaines plantes font intervenir la reproduction asexuée ; autre ex : la division bactérienne (une cellule-mère donne deux cellules filles identiques)
** la fécondation est la fusion de deux gamètes

2 commentaires:

  1. Question sur la photosynthèse : j'ai lu récemment un article qui décrivait les porphyrines comme la base (entres autres) de la chlorophylle. J'avais lu ailleurs qu'un caroténoïde était impliqué. Est-ce que tu saurais expliquer ça se manière accessible à un entendement moyen ?
    D'ailleurs, un article sur les rôles des pigments en biologie serait très bienvenu.
    Merci.
    ps : pas facile de passer le test de Turing sur un mobile. :-)

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  2. En réalité, la chlorophylle (A ou B) est constituée par deux sous ensembles moléculaires : un noyau porphyrine (sorte de réseau d'atomes de Carbone retenant en leur centre un atome de magnésium) relié à une chaîne polycarbonée (plusieurs atomes de Carbone disposés de manière linéaire). La chaîne polycarbonée est hydrophobe et se retrouve emprisonnée dans les membranes du thylakoïde (c'est un réseau de membranes empilées les unes sur les autres, qui se situe dans le chloroplaste). C'est le noyau porphyrine qui effectue une partie des réactions de la photosynthèse, la chaîne polycarbonée ne servant "que" à l'ancrage de la molécule de chlorophylle dans la membrane du thylakoïde. Si tu veux plus d'info sur ce pigment, la page wikipedia est assez bien faite (en anglais ici http://en.wikipedia.org/wiki/Chlorophyll ). Il y a même des illustrations de la structure moléculaire des chlorophylles !
    La réaction de photosynthèse dans son ensemble ne nécessite pas uniquement de la chlorophylle, mais beeeeeaucoup d'autres molécules très complexes !!! Entre autre, tu en as parlé, des caroténoïdes.
    Concernant un potentiel article sur les pigments, je ne suis pas biochimiste, et je n'ai donc pas une vue générale de la diversité à cette échelle des plantes. Je m'abstiendrai donc d'entrer dans les détails d'un domaine que je maîtrise parfois de manière imparfaite. Par contre, si tu veux avoir plus d'informations sur ce sujet (au demeurant passionnant), voici des références de livres consultables dans toutes les bibliothèques universitaires scientifiques :
    Biochimie et biologie moléculaire. Werner Müller-Esterl, aux éditions DUNOD
    Physiologie végétale : Tome 1, Nutrition. René Heller, Robert Esnault et Claude Lance, aux éditions DUNOD
    Physiologie végétale. William-G Hopkins, Serge Rambour, aux éditions DeBoeck
    Je te conseille en particulier le premier, il est très pédagogique. A bientôt !

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