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lundi 27 avril 2020

Mes insectes chouchou, les bombyles

Cette année, printemps rime avec confinement. La vie sauvage s’offre un petit répit, ce qui met en joie les naturalistes. Avec un pincement au cœur tout de même, celui de louper la nature qui s’éveille en cette belle saison. Alors j’ouvre l’œil encore plus grand lors de mes rares sorties autour de chez moi, en espérant apercevoir ce petit battement d’ailes si caractéristique d’un insecte que j’adore : le bombyle.



Étonnement, les bombyles ne sont pas très bien connus du grand public. Regardez pourtant leurs bouilles adorables ! Ils ont l’apparence de petits bourdons d’à peine un centimètre de long, un mimétisme qui leur confère sans doute une protection contre les prédateurs qui osent moins s’en approcher de peur d’être piqués. Ils sont pourtant inoffensifs, d’autant qu’ils appartiennent à un tout autre groupe : celui des diptères. Des mouches, donc !

On compte plusieurs dizaines d’espèces du genre Bombylius en Europe, la plus commune étant Bombylius major. Ils sont plutôt communs au printemps, quand les conditions sont réunies. Ils ne sont pas difficiles et visitent une large variété de fleurs, mais ils ont tout de même leurs favorites : une fois que l’on sait où ils viennent butiner, il y a de fortes chances de les retrouver le lendemain au même endroit. Chez moi, ce sont les muscaris qui ont la cote. Un ingrédient indispensable cependant : malgré leur jolie fourrure, ils volent presque exclusivement au soleil.


Les bombyles sont pourvus d’une longue trompe avec laquelle ils se délectent du nectar des fleurs. Ils se posent à peine sur celles-ci, du bout des pattes (elles aussi très longues !), sans même s’arrêter de battre des ailes. Il faut dire qu’ils ont de quoi être fier de leur outil de vol : ils n’ont nul égal en ce qui concerne la pratique du vol stationnaire, et sont même capables d’effectuer de rapides rotations autour d’un axe verticale, un type de vol dont eux seuls ont le secret. Le tout en émettant un petit vrombissement…


Atterrissage réussi !

Certaines espèces sont reconnaissables à la couleur de leurs poils, ou encore à celle de leurs ailes. Par exemple, alors que Bombylius major a les ailes transparentes avec une bande noire en haut, Bombylius discolor, une autres espèce commune, présente lui des tâches noires sur ses ailes. Autre détail rigolo : on peut déterminer le sexe des individus en les observant dans les yeux. Tandis que les deux yeux des mâles se touchent au milieu, ceux des femelles sont clairement écartés l’un de l’autre. Pratique !

Bombylius discolor (gauche) et Bombylius major (droite) diffèrent notamment par le pattern sur leurs ailes
On différencie très bien le mâle à gauche de la femelle à droite rien qu’à l’écartement des yeux

Bon, il faut l’avouer, ils ont tout de même une petite particularité moins mignonne : les larves sont comme qui dirait carnivores. Après avoir été pondus (sous la forme d’œufs bien sûr) à l’entrée d’une galerie de guêpes ou d’abeilles solitaires par une mère qui n’a même pas pris le temps de se poser, nos bombyles passent leur jeunesse dans le nid de l’insecte étranger à grignoter ses rejetons. Eh oui, personne n’est parfait !



jeudi 26 mars 2020

10 infos insolites sur les bourdons


Les bourdons font sans conteste partie des insectes les plus adorables : des petites boules de poils colorées toutes rondes et toutes gentilles, qui passent leur journées sur des jolies fleurs (non mais regardez moi ces petits derrières qui dépassent si ce n’est pas trop chou ! Et cette bouille !). En plus de ça, ils ont la bonne idée d’être très communs. Un régal de pouvoir les observer. D’ailleurs beaucoup de scientifiques s’en donnent aussi à cœur joie. Et ça donne aux blogueurs plein de choses à raconter ! Voici un petit florilège.

(Source)

(Source)

1. Le bourdon n’est pas une (unique) espèce


Au cas où il faille le préciser : non, les bourdons ne sont pas les mâles des abeilles. On surnomme même ces derniers des “faux-bourdons”, c’est dire. Abeilles et bourdons sont tout de même très proches puisqu’ils appartiennent à la même famille au sein de l’ordre des hyménoptères : les Apidae. Les bourdons sont ceux qui appartiennent au genre Bombus, et on en compte plus de 250 espèces. Bombus terrestris est le plus commun en Europe, et aussi un des plus étudiés. Les bourdons consomment le nectar des fleurs et utilisent également le pollen pour nourrir leurs jeunes. Ce sont donc d’importants pollinisateurs. 


2. Ils se laissent des petits messages sur les fleurs


Lorsque les bourdons visitent des fleurs pour se nourrir, ils laissent derrière eux un marquage olfactif de courte durée[1, 2]. Les autres bourdons qui détectent un tel marquage sont avertis qu’un gourmand s’est déjà régalé sur la fleur, et qu’il ne reste peut-être plus grand chose à boulotter. D’ailleurs, les bourdons sont aussi capables de reconnaître l’odeur laissée par une abeille, et vice-versa, et ils évitent ainsi de perdre inutilement du temps sur une fleur qui ne vaut pas le coup. Des chercheurs ont même montré que lorsque les fleurs sont plus difficiles à butiner, les bourdons sont bien plus enclins à passer leur chemin quand ils sentent l’odeur d’un précédent visiteur que lorsqu’il s’agit de fleur simple d’accès[3] : pas bête la bête !


3. Ils sont sensibles à l’esthétisme


Les bourdons ont une préférence innée pour un certain type de fleurs : celles qui semblent plus complexes. C’est ce qu’on découvert des chercheurs qui ont proposé à des jeunes bourdons des fleurs dont la complexité avait été modifiée (chez les fleur, il existe une “échelle de complexité” qui prend en compte la forme, la symétrie, la segmentation des parties reproductives, etc.)[4]. Pourtant, ce sont ces fleurs qui demandent le plus d’efforts aux bourdon, en termes de temps de manipulation, ce qui conduit à une efficacité de butinage réduite[4]. Et comme les fleurs ont tout intérêt à ce que les bourdons s’attardent, une complexité florale serait donc bien utile pour garantir une bonne pollinisation ! Notons aussi qu’en termes de couleurs, ils préfèrent le jaune et le bleu plutôt que du rouge[5].


 Fleur dont les pétales ont été arrangés par les scientifique pour apparaître plus complexe (à gauche) ou plus simple (à droite)[4]

4. Ils contrôlent le climat en jouant les ventilateurs...


Pour contrôler la température du couvain (œufs et larves), les bourdons ventilent. Chez Bombus terrestris, une espèce sociale, la division du travail est de mise. Les travailleurs habitués à jouer les ventilateurs ont des meilleures performances dans cette tâche, et réagissent plus promptement à une augmentation de la température du nid que les novices[6]. Le comportement ventilatoire dépend aussi de la vitesse à laquelle la température augmente : les bourdons sont plus réactifs à une augmentation progressive de la température qu’à un changement brutal[6]. Ils sont également capables de détecter une augmentation de la concentration en CO2 dans le nid, et de réagir en conséquence[7] !


5. … et peuvent également modifier leur propre température corporelle !


Pour parvenir à s’envoler, les bourdons, comme beaucoup d’insectes, ont besoin que leur corps atteigne une certaine température, située autour de 30°C. Les bourdons sont cependant capables de voler alors que la température extérieure n’atteint pas 10°C. Pour réchauffer leurs corps avant l’envol, ils… frissonnent vigoureusement[8] ! Le comportement est visible : les animaux pompent l’air avec leur abdomen pour ventiler les muscles du vol, ceux-là même réquisitionnés pour frissonner. Plus il fait froid, plus ils doivent frissonner longtemps pour pouvoir s’envoler : de quelques secondes au dessus de 20°C à un quart d’heure à moins de 10°C[9]



6. Ils s’occupent de leurs morts


Bon, il n’y a clairement pas de cérémonie religieuse. C’est plutôt pragmatique. Dans une société où les individus se côtoient étroitement, laisser un cadavre entrer en décomposition représente un risque sanitaire certain. Ce n’est donc pas étonnant que fourmis et abeilles, dont les colonies peuvent compter des milliers d’individus, réagissent promptement au décès d’un des membres en l’éliminant fissa. C’est aussi le cas chez les bourdons, tout du moins chez l’espèce Bombus terrestris qui est sociale[10]. Les cadavres de larves sont ainsi largement éliminés par des bourdons ouvriers spécialisés, plus gros que la moyenne. Les cadavres d’adultes sont également retirés, cependant moins souvent que les larves. A noter que les animaux malades, qui présentent donc un risque sanitaire pour la colonie, ne semblent pas se faire exclure[10]. A voir si c’est le cas pour tous les pathogènes.


7. Ils peuvent apprendre à leurs congénères… à jouer à la balle !


Quitte à étudier les capacités cognitives des insectes, autant le faire de la manière la plus fun possible ! Des chercheurs ont ainsi appris à des bourdons à déplacer une petite balle jusqu’à un endroit spécifique, en échange d’une récompense sucrée[11]. En dépit de la difficulté à manier l’objet pour de si petits animaux, les bourdons ont été capables de reproduire le geste que leur ont montré les chercheurs par l’intermédiaire d’un faux bourdon. Mieux encore, l’apprentissage par observation marche avec les congénères : ceux qui ont appris à jouer deviennent ainsi les entraîneurs des nouveaux joueurs. Non seulement ces derniers assimilent la tâche à faire pour avoir la récompense, mais ils développent aussi leurs propres techniques de dribble pour amener la balle à l’endroit voulu !



8. Certains pratiquent la tactique du coucou


Chez quelques espèces comme Bombus vestalis ou Bombus bohemicus, le réveil printanier se fait tranquillement, quelques semaines après les autres bourdons. Un délai qui laisse le temps à ces derniers d’établir leurs colonies, et permet aux bourdons tardifs de mettre en place leur stratégie : le parasitisme social[12]. Les femelles fraîchement réveillées se mettent ainsi à la recherche des colonies de leurs hôtes, dont elles prennent ensuite le contrôle en assassinant la reine… Après ce coup d’état, elles commencent à pondre des œufs. Les bourdons ouvriers de la colonie parasitée en deviendront les nounous et s’en occuperont comme si c’était des jeunes de leur propre colonie. Cette pratique peut paraître cruelle mais les femelles des espèces parasites ont une excuse toute trouvée : elles ne disposent pas de paniers à pollen pour récolter ce dernier, indispensable à l’élevage des jeunes. Pas le choix…


9. Ils se font manipuler par des mouches


D’autres groupes d’insectes se plaisent à parasiter les bourdons, et à les contrôler. C’est notamment le cas de Physocephala tibialis. Cette petite mouche pond ses œufs dans le corps des bourdons. La larve se développe ensuite dans le corps du pauvre animal qui finit par en mourir, puis se transforme en pupe (le stade de développement entre la larve et l’adulte) et passe l’hiver ainsi, bien au chaud dans son hôte. Le refuge est encore plus sûre si le cadavre est caché et à l’abris des conditions météorologique. Qu’à cela ne tienne, le parasitoïde (c’est ainsi que l’on appelle les parasites qui se développent dans un hôte en le tuant au passage…) est un manipulateur ! Il induit une modification du comportement de son hôte : avant de mourir, le bourdon va lui-même creuser sa propre tombe et s’y enterrer[13]

Physocephala tibialis, la terrible manipulatrice de bourdons (Source)


10. On en connait un vieux de 30 millions d’années


Une petite note plus joyeuse pour finir : je vous présente Calyptapis florissantensis, un bourdon fossilisé[14] ! Bon, il ne fait pas partie des Bombus, on lui a spécialement créé son propre genre. Il a été trouvé au Colorado (Etats-Unis), sur un site très réputé pour ses fossiles conservés grâce à la forte activité volcanique qui y régnait à la fin de l’Eocène, il y a plus de 30 millions d’années ! Plus de 1500 espèces d’invertébrés fossiles ont ainsi été dénombrées, sans compter les autres animaux et plantes préhistoriques.


Calyptapis florissantensis, un bourdon fossilisé de plus de 30 millions d’années


Références


  1. Stout JD & Goulson D. 2001. The use of conspecific and interspecific scent marks by foraging bumblebees and honeybees. Animal Behaviour, 61, 183-189.
  2. Goulson D, Ahawson S & Stout JD. 1998. Foraging bumblebees avoid flowers already visited by conspecifics or by other bumblebee species. Animal Behaviour, 55, 199-206.
  3. Saleh N, Ohashi K, Thomson JD & Chittka L. 2006. Facultative use of the repellent scent mark in foraging bumblebees: complex versus simple flowers. Animal Behaviour, 71, 847-854.
  4. Krishna S & Keasar T. 2019. Bumblebees forage on flowers of increasingly complex morphologies despite low success. Animal Behaviour, 155, 119-130.
  5. Simonds V & Plowright CMS. 2004. How do bumblebees first find flowers? Unlearned approach responses and habituation. Animal Behaviour, 67, 379-386.
  6. Westhus C, Kleineidam CJ, Roces F & Weidenmüller A. 2013. Behavioural plasticity in the fanning response of bumblebee workers: impact of experience and rate of temperature change. Animal Behaviour, 85, 27-34.
  7. Weidenmüller A, Kleineidam C & Tautz J. 2002. Collective control of nest climate parameters in bumblebee colonies. Animal Behaviour, 63, 1065-1071.
  8. Heinrich B & Kammer AE. 1973. Activation of the fibrillar muscles in the bumblebee during warm-up, stabilization of thoracic temperature and flight. Journal of Experimental Biology, 58, 677-688.
  9. www.bumblebee.org
  10. Munday Z & Brown MJF. 2018. Bring out your dead: quantifying corpse removal in Bombus terrestris, an annual eusocial insect. Animal Behaviour, 138, 51-57.
  11. Loukola OJ, Perry CJ, Coscos L & Chittka L. 2017. Bumblebees show cognitive flexibility by improving on an observed complex behavior. Science, 355, 833-836.
  12. Kreuter K, Twele R, Francke W & Ayasse M. 2010. Specialist Bombus vestalis and generalist Bombus bohemicus use different odour cues to find their host Bombus terrestris. Animal Behaviour, 80, 297-302.
  13. Müller CB. 1994. Parasitoid induced digging behaviour in bumblebee workers. Animal Behaviour, 48, 961-966.
  14. Cockerell TDA. 1906. Fossil Hymenoptera from Florissant, Colorado. Bulletin of the Museum of Comparative Zoology, 50, 33-58.



jeudi 27 septembre 2018

Camargue requiem - Partie 2 : reportage photo d’un Eden de biodiversité

Des siècles durant, le Rhône a travaillé la terre. Épaulée par les vents méditerranéens, l’eau a peu à peu creusé, façonné les paysages à l’endroit où le fleuve et la mer se mêlent. Le sel et le soleil sont venus apporter la touche finale à ce delta unique en France, la Camargue.

Le résultat de la rencontre entre ces quatre éléments – l’eau, le vent, le soleil et le sel – ce sont des paysages uniques, typiques à la région. Une végétation adaptée aux rigueurs du climat sur cette terre si plate qu’elle paraît sans limite, et une diversité animale qui l’accompagne à couper le souffle.

La Camargue, c’est un mélange étonnant de grandes étendues d’eau et de vastes terres craquelées. Désert et milieu humide tout à la fois, ce milieu présente quelques subtilités aux espèces qui le peuplent. Dans la sansouire, vaste espace argileux tantôt inondé, tantôt asséché, la végétation a su dompter la force du mistral et la salinité du milieu. Les étangs, forts de leurs dizaines de milliers d’hectares, constituent un indiscutable Eden pour la faune aviaire : près de 400 espèces différentes d’oiseaux ont été observés en Camargue, et des espèces aussi emblématiques que les flamants roses y ont élu domicile. Les autres groupes d’animaux ne sont pas en reste : une dizaine d’espèces d’amphibiens, une quinzaine de reptiles, plus de 40 mammifères, mais surtout des milliers d’invertébrés. La Camargue, c’est le paradis des moustiques et des libellules. C’est aussi le paradis des photographes, et un sacré casse-tête pour les naturalistes en herbe qui essaient de déterminer les espèces qu’ils ont pu observer ! Si vous n’êtes toujours pas démangés par un désir d’aller fouler ces vastes contrés, voici un petit aperçu de ce que vous pourrez y observer, sans devoir vous mettre à quatre pattes ou vous armer de matériel de camouflage, juste en vous baladant, les yeux grands ouverts, prêts à être émerveillés.


Dans la famille des odonates, je voudrais…


Agrion élégant (Ischnura elegans)

Plus de 40 espèces différentes d’odonates ont été observées en Camargue. Les plus fines et délicates sont les demoiselles (ou zygoptères en jargon scientifique). Elles ont généralement les ailes repliées lorsqu’elles sont posées, contrairement à leurs cousines les libellules (ou anisoptères) qui adoptent, elles, plutôt une allure de petit hélicoptère. Les espèces photographiées ci-dessous sont parmi les plus communes de Camargue. Peu farouches, il est très facile de les observer plantées telles de petits drapeaux au sommet de la végétation.

Libellule écarlate mâle (Crocothemis erythraea)
Libellule écarlate femelle (Crocothemis erythraea)
Libellule écarlate femelle (Crocothemis erythraea)
Orthétrum réticulé femelle (Orthetrum cancellatum)
Orthétrum réticulé mâle (Orthetrum cancellatum)


En jaune et noir


Dans l’immense ordre des hyménoptères, qui regroupe guêpes, abeilles, bourdons et fourmis, il est souvent très difficile de différencier les espèces. Surtout que certains insectes d’ordres différents viennent parfois essayer de se faire passer pour des hyménoptères, à l’image de l’éristale. Cet insecte rayé jaune et noir aux allures de bourdon fait en fait partie d’un groupe de diptères bien particulier, les syrphes. Des mouches, donc ! La stratégie des quelques milliers d’espèces qui composent le groupe des syrphes est souvent de se faire passer pour des insectes plus agressifs et dangereux qu’ils ne le sont vraiment. En s’habillant tel une guêpe, ils dissuadent les prédateurs de les manger, quand bien même ils sont complètement inoffensifs.

Éristale gluante (Eristalis tenax)
Guêpe (hyménoptère), espèce indéterminée
Guêpe (hyménoptère), espèce indéterminée


Une délicate touche de bleu


Bien qu’il soit très courant sur les bords des chemins, l’argus bleu sait garder pour lui cet éclat azur si particulier de ses ailes. D’abord, seuls les mâles sont dotés de cette chatoyante couleur, tandis que les femelles arborent des ailes ocres ponctuées de tâches orange. Mais surtout, l’argus replie ses ailes dès qu’il est posé, nous montrant par ailleurs des motifs qui valent bien le coup d’œil. Seuls les papillons en vol offriront un petit clin d’œil bleuté à l’observateur.

Argus bleu, ou Azuré de la Bugrane (Polyommatus icarus)
Argus bleu, ou Azuré de la Bugrane (Polyommatus icarus)


Des cabrioles à chaque pas


Pour observer les criquets, il faut avoir l’œil… ou les déranger ! Car ces insectes sont des maîtres en matière de camouflage. Voyez plutôt l’éclat vert de cette espèce qui se pose sur une feuille de la même couleur, ou encore l’apparence tout à fait similaire à la terre séchée de cette autre espèce observée au sol ! Déterminer les espèces de criquet est une science subtile : les individus passent par plusieurs stades larvaires au cours de leur vie – on parle de nymphes – stades qui ne sont ni tout à fait différents, ni tout à fait identiques aux adultes !

Nymphe de criquet égyptien (Anacridium aegyptium)
Criquet de la sous-famille des Oedipodinae, espèce indéterminée
Criquet (orthoptère), espèce indéterminée
Criquet (orthoptère), espèce indéterminée
Criquet (orthoptère), espèce indéterminée


D’autres insectes en pagaille


Bien sûr, des dizaines d’autres espèces qui n’appartiennent pas aux groupes cités ci-dessus sont également observables en Camargue. Parfois, le contraste entre la couleur de leur corps et celle de leur environnement est si saisissant que l’observateur n’a aucun mal à les repérer, à l’instar de ces punaises qui avaient l’air bien occupées. D’autre fois, on se demande si on a bien affaire à une bestiole et pas une simple excroissance de la végétation !

Couple de graphosomes d'Italie, ou punaises arlequin (Graphosoma italicum)
Ce drôle d’insecte appartient aux hémiptères (Cicadomorpha ou Fulgoromorpha)


Plus de pattes


Les insectes ne sont pas les seules petites bêtes que l’on trouve en Camargue. Quoique classifier de « petites bêtes » les deux espèces représentées ci-dessous n’est peut-être pas l’adjectif le plus approprié. Le corps des argiopes lobées femelles peut dépasser deux cm. Plantées au milieu de toiles qui peuvent atteindre 1,5 m de diamètre, il est heureusement difficile de les louper ! D’autant qu’elles s’entendent plutôt bien entre voisines : celles que j’ai photographiées faisaient partie d’un grand quartier de toiles, des dizaines d’individus bien alignés entre chaque buisson. Les toiles sont particulièrement solides, et heureusement ! Car le vent a vite fait des les faire bouger de plusieurs dizaines de centimètres. Attention donc à ne pas approcher l’appareil trop près lorsque vous les prenez en photo !

Argiope lobée (Argiope lobata)
Argiope lobée (Argiope lobata)


Avec un peu plus de pattes, je vous présente la scutigère ! Peut-être plus effrayante que les araignées, cette espèce s’observe en général la nuit et… à l’intérieur des maisons ! Celle-ci était dans ma chambre… Fortes de leurs quinzaines de paires de pattes à l’âge adulte, ces prédatrices courent à une vitesse impressionnante (d’où leur nom « véloce »), et attaquent leurs proies à grand renfort de venin.

Scutigère véloce (Scutigera coleoptrata)



Quelques vertébrés…


J’avoue, j’ai fait la part belle aux petites bêtes. Les vertébrés ne sont pourtant pas en reste. Chauve-souris, lézards, grenouilles, geckos, rongeurs, serpents, renards, sangliers, tortues… Il y en a du monde ! Sans oublier les grandes stars, ces animaux sans qui la Camargue ne serait pas la Camargue : taureaux et chevaux typiques de la région, et surtout des oiseaux par milliers ! Des plus discrets aux plus chatoyants, de toutes les couleurs et de toutes les formes, de passage ou résidents permanents, ce sont près de 400 espèces d’oiseaux, par dizaines de milliers, qui peuplent ces terres accueillantes. Mes préférés ? Si vous vous demandez, c’est que vous n’êtes pas coutumier de ce blog ! Allez, la réponse plus bas pour continuer la découverte de ma belle Camargue !

Lézard des murailles (Podarcis muralis)
Cheval camarguais accompagné d’un héron garde-bœufs (Bubulcus ibis)



Mes autres articles sur un des emblèmes de la Camargue :


Et la première partie des mes nouvelles aventures en Camargue :




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